Et si nous décidions de fêter le jour du dépassement ?

Ce 29 juillet, l’humanité a déjà consommé pour 2021 l’ensemble des ressources que la Terre peut régénérer chaque année. Et si cette date du dépassement (qui peut être différente d’une année sur l’autre) devenait une occasion pour les humains de se retrouver et de célébrer ? L’idée vous semble absurde, ou saugrenue ? Elle ne l’est peut-être pas tant que ça…

D’où vient cette idée ?

Il semble y avoir un consensus général pour dire que la crise sanitaire liée au COVID-19 représente un moment unique dans l’histoire récente de l’humanité autour de la question de la prise de conscience des conséquences de l’entrée dans l’anthropocène.

En plus de créer le « décalage » dont beaucoup de nos contemporains ont besoin pour prendre du recul et commencer à sortir, pour les uns du déni ou pour d’autres de la sidération, il tend à « synchroniser » les énergies, à la fois à l’intérieur des sociétés, et même à l’échelle mondiale.

Nous ne savons pas si ce genre d’événement se reproduira régulièrement ou non, ni, si c’est le cas, dans combien de temps. Comment dès lors utiliser la période pour pousser cet « avantage » soudainement créé, et tenter de faire avancer encore plus loin à la fois la prise de conscience, l’accompagnement humain que cela nécessite, et aussi la mise en place concrète d’initiatives de transition, préfigurations de l’ère post-moderne à laquelle nous aspirons ?

L’intention

Edgar Morin, qui fêtait récemment ses 100 ans, en parle très bien : « Ce monde n’est pas fini, il va gigoter encore ; après le confinement un boom économique provisoire le rassurera. Seul un nouveau mouvement citoyen animé par une pensée forte et une conscience lucide pourra ouvrir le chemin d’un monde nouveau. »

Il s’agit de :

  • Proposer un récit « puissant » (Cyril Dion, Pablo Servigne) – en s’appuyant sur quelques notions qui « parlent », y compris en détournant les codes actuels de la société. 
  • Frapper les imaginaires au niveau global (seule échelle pertinente, qui permet notamment de sortir des récits portés par les états-nations)
  • Se retrouver au niveau hyper-local (seule échelle pertinente, qui permet de valoriser les savoirs et cultures locales)

L’idée

En reprenant les codes de la fête nationale du 14 juillet, jour de commémoration (recueillement, souvenir, mémoire), mais aussi de festivités (culture populaire, joie, célébration), l’idée est de s’appuyer sur « le jour du dépassement » (cette année le 29 juillet), car il met en avant la notion de biocapacité (et donc de limite planétaire), et celle d’empreinte écologique (et donc de lien avec nos modes de vie). Par ailleurs, pour les français, les dates sont assez proches pour que le parallèle soit facile à faire pour tout un chacun. Cette date présente aussi l’immense intérêt d’être « planétaire », ce qui permet d’imaginer de susciter l’envie pour des humains d’autres régions du monde de rejoindre cette initiative.

Comment ?

1. Faire mémoire ensemble

En organisant dans des lieux publics de tous les quartiers et villages une cérémonie de commémoration en l’honneur :

  • des victimes humaines des désordres écologiques et climatiques depuis le début de l’anthropocène
  • des victimes humaines des inégalités sociales et de l’exploitation engendrées par le capitalisme
  • des victimes non-humaines des désordres écologiques et climatiques, et particulièrement des espèces disparues ou en voie de disparition
  • des paysages dégradés, forêts rasées, ressources pillées
  • de nos enfants, petits-enfants et arrières-petits enfants, qui seront de toute façon victimes de ces désordres.

2. Libérer la parole

Cette cérémonie sera suivie par une agora, espace de rencontre et de dialogue entre citoyens, autour de 3 dimensions indissociables :

  • Regarder la réalité en face. Parler de ce qu’il est difficile d’affronter, individuellement et collectivement. Sortir ensemble de l’ère moderne, entrer dans l’anthropocène, « atterrir » (Bruno Latour), etc. il s’agit de PRENDRE COLLECTIVEMENT EN MAIN L’ÉVEIL DE NOS CONSCIENCES, ce qui est devenu nécessaire et urgent. On peut s’appuyer sur des témoignages, des récits, mobiliser des artistes, des conteurs, etc…
  • Prendre soin de notre humanité en transition. Que ceux qui ont franchi le cap se mettent au service de ceux qui sont encore dans le déni, la sidération, la fuite, la colère, etc. Il s’agit de PRENDRE SOIN LES UNS DES AUTRES, car nous ne vivons pas tout cela de la même manière, et que nous avons besoin que le plus grand nombre possible d’humains s’y mette. On peut mobiliser des facilitateurs, des thérapeutes, des personnes capables, de beaucoup d’empathie, etc.
  • S’ORGANISER AU NIVEAU LOCAL, AFIN DE PRENDRE NOS RESPONSABILITÉS. Mettre en place toutes formes de coopération, d’entraide, au service de la construction de demain. Convoquer le non-humain, mettre en place des « contrats naturels » locaux à partir d’un état des lieux des communs. On peut mobiliser les acteurs de la transition, les paysans, les entreprises solidaires, etc.

3. Célébrer nos différences

Cette journée qui se déroulera simultanément partout sur la planète se poursuivra en soirée par des festivités pour célébrer la Terre, ses habitants (humains et non-humains), et mettre en avant la diversité des cultures locales.

Afficher une ambition commune, développer l’identité terrienne

L’enjeu in fine est aussi de « repousser la date du dépassement » : cela veut dire qu’en participant à une telle dynamique nous donnons de la consistance à un engagement de chacun envers la communauté terrienne : participer à l’effort commun pour repousser la date du dépassement. Qui sait, cela nous permettra peut-être ainsi de mesurer, d’année en année, le chemin parcouru collectivement, et, en déplaçant la date de notre célébration planétaire, d’avoir de nouvelles raisons de célébrer !

Alors ? Est-ce que cette proposition vous parle ? N’hésitez pas à le dire en commentaires !

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